Lorsqu’on évoque l’état méditatif, une image familière nous vient à l’esprit : celle d’une personne sereine, assise les jambes croisées en position du Lotus, le dos bien droit, les yeux clos. Pourtant, ceux qui ont déjà tenté la méditation savent que cette quiétude n’est pas si facile à atteindre.
Pour plonger dans cette quête, il est essentiel de comprendre les 5 états de conscience tels que décrits Patanjali. Aujourd’hui, explorons ces cinq états de conscience dans le contexte du yoga.
Qu'est-ce qu'un état méditatif ?
En yoga, l’état méditatif se définit comme un état de conscience amplifiée, de concentration profonde et de sérénité intérieure. À ce moment-là, vous déconnectez du monde extérieur pour vous reconnecter à votre propre essence, le Soi. Le tumulte incessant de l’esprit s’apaise, vous plongeant dans une profonde quiétude. Votre corps se détend, relâchant toutes tensions et stress, tandis que vous observez vos pensées et émotions avec une clarté totale, dépourvue de jugement.
Que nous enseignent les Yoga Sutras de Patanjali à ce sujet ?
Les Yoga Sutras de Patanjali renferment des enseignements précieux sur l’état méditatif et la manière de le maîtriser. Patanjali exprime dans les Yoga Sutras (versets 1 et 2) : “yogash chittavrttinirodha”, que l’on peut traduire par “le yoga apaise les fluctuations de l’esprit”. Que ce soit en méditant ou en se consacrant à des tâches importantes, nous sommes tous familiers avec la manière dont les “vrtti” (mouvements ou fluctuations) perturbent le “chitta” (l’esprit conscient) et entravent notre capacité à trouver la sérénité intérieure et la clarté. Patanjali nous ouvre une voie vers l’esprit yogi authentique en identifiant 5 états de conscience, qu’il nomme les “chitta bhumis” en sanskrit.
1- Kshipta : L'Esprit du Singe
Le premier état yogique de conscience, Kshipta, est aussi appelé l’esprit du singe. Dans cet état, l’esprit est agité, passant constamment d’une pensée ou d’une émotion à une autre, ce qui rend la concentration et la recherche de la sérénité intérieure ardues.
Si vous vous trouvez dans cet état éparpillé de Kshipta, vous êtes facilement distrait par des influences extérieures et intérieures, manquant de stabilité et de clarté. Les tâches simples deviennent des défis, et vos décisions semblent dénuées de direction, tandis que vous sautez d’une impulsion à l’autre.
La méditation et les pratiques de yoga apaisantes, telles que le Yoga Nidra, sont reconnues pour calmer le flot de pensées, vous permettant ainsi de transcender l’état Kshipta et d’accéder à une conscience plus élevée.
2- Mudha : L'Esprit de l'Âne
Le deuxième état, Mudha, est caractérisé par la léthargie et l’indolence, à l’image de l’esprit de l’âne. La plupart d’entre nous oscillent souvent entre les états Kshipta et Mudha. La fatigue mentale et le manque de clarté en sont des symptômes courants. D’autres signes incluent la tristesse, la dépression, le désespoir, la faible concentration et l’absence de but dans la vie.
Surmonter l’apathie de Mudha nécessite un effort conscient pour réveiller l’esprit et lui insuffler de l’énergie. La méditation de pleine conscience, accompagnée d’un mudra ou d’un mantra, peut accroître votre conscience et vous fournir l’énergie nécessaire pour dépasser cette étape.
3-Vikshipta : L'Esprit du Papillon
Vikshipta représente le troisième état de conscience et peut être comparé à un esprit distrait, comme le vol erratique d’un papillon. Dans cet état, l’esprit peut parfois être concentré, mais il est rapidement attiré dans différentes directions, tout comme un papillon insouciant saute d’une fleur à l’autre.
Bien que Vikshipta soit plus concentré que Mudha ou Kshipta, les moments de clarté restent fragmentés, et l’esprit n’expérimente qu’un calme momentané. Par conséquent, l’esprit papillon constitue souvent un obstacle à la concentration profonde et à la méditation, empêchant l’esprit de plonger dans le silence intérieur.
La méditation régulière et la pratique du yoga peuvent aider à approfondir votre concentration et à réduire le nombre de distractions auxquelles vous faites face dans cet état. De plus, elles enseignent à l’esprit à se détendre, vous permettant de prolonger votre concentration et de trouver la paix même au cœur de l’agitation.
4 - Ekagra : L'Esprit de la Grue
Ekagra représente le quatrième état de l’esprit et peut être décrit comme un esprit unifié ou un esprit de grue. Dans cet état, l’esprit se focalise sur un seul point, sans être distrait par des influences extérieures. C’est un état de concentration accrue et d’absorption totale, où l’esprit se fond entièrement dans le moment présent.
L’esprit concentré d’Ekagra permet une contemplation profonde et une introspection poussée, en faisant un outil puissant pour la réalisation de soi. S’asseoir en méditation renforce votre concentration, vous aidant à accéder à l’état d’esprit suivant.
5- Niruddha : L'Esprit Maîtrisé
- Après avoir dépassé l’état d’Ekagra, vous entrez dans le cinquième état yogique de conscience, Niruddha, également appelé l’esprit maîtrisé ou l’esprit yogi. Dans cet état, votre esprit est totalement immobile, il n’est plus agité ni perturbé par des facteurs extérieurs ou intérieurs.
L’esprit maîtrisé de Niruddha incarne un état de pure sérénité que nous expérimentons en méditation, où vous vous laissez entièrement absorber par le moment présent. À ce stade, l’esprit se libère de toutes les attaches et désirs, et vous commencez à ressentir une profonde paix et béatitude. Les yogis capables d’accéder à cet état et de le maintenir finiront par atteindre le samadhi.
Dans le voyage de découverte de soi et de croissance spirituelle, les enseignements de Patanjali sur les 5 états de conscience dans le yoga revêtent une signification profonde. Les chitta bhumis servent de lumière pour éclairer la voie vers la sérénité et la prise de conscience de soi. En comprenant ces états de conscience yogiques – Kshipta (distrait), Mudha (apathique), Vikshipta (distrait), Ekagra (unifié) et Niruddha (maîtrisé) – nous apprenons comment transcender les limites de l’esprit humain et accéder à une compréhension profonde, à la paix intérieure, et en fin de compte, à notre véritable essence.
Emmanuelle